D'aucun disent que l'immortalité, c'est has been. Car que serait une vie sans la corde de rappel de la mort ? Un long laisser aller, une éternité moins productive que la plus prompte des existences. Toutefois, c'est vite dit : un petit groupes d'immortels ferait des merveilles au sein d'une éphémère humanité. Une chose doit tout au moins être exceptionnelle pour être exploitée à sa juste démesure. La vulgarité tue, en ce qu'elle sape toute responsabilité existentielle : l'immortalité est donnée à tous, donc il ne sert à rien de s'en servir. A quoi bon tenter ce dont chacun a le potentiel ? De la même manière, l'existence humaine est donnée à tous : on en fait donc bien peu de chose.
Bref, attaquons le vif du sujet : trop peu en parlent, mais l'immortalité sera un jour ou l'autre un problème de société (et pas des moindre, ohoh). On ne stoppe pas le progrès, et nous sommes fatalement "condamnés" à nous rapprocher de l'éternité. Tout naturellement, il y aura des interdictions, de même que pour la recherche sur le clonage : pour éviter la surpopulation, on sera bien contraint de la limiter à une élite, ou de l'interdire purement et simplement. Mais quand bien même le problème sera étouffé, l'humanité ne restera pas vierge de ces interrogations : la nécessité du renouvellement de population surpasse t-elle les belles valeurs humanistes ? Certains êtres sont-ils décidément plus dignes d'éternité que d'autres ? Voire même : l'immortalité est-elle un besoin de prime nécessité ?
Il y aurait des piles d'oeuvres SF à composer là-dessus. Ce sont ces rares situations, délicieusement ignobles, qui mettent l'humanité face à face avec son véritable statut : toutes les valeurs qu'elles s'est forgée apparaissent comme un pauvre radeau de fortune. Car on peut sans mal pérorer jusqu'à l'abrutissement (c) sur des réalités aussi "immuables" que la mort - et dès l'instant où l'on envisage sa disparition, tout s'écroule.
Et par-delà toute cette agitation géopolitique (qui pousse l'être dans ses retranchements), imaginons une société ayant parfaitement digéré l'immortalité. Un bel exemple est Last Order (vous savez, la suite "mouais-bof" de Gunnm), où les mathusalysés du Leviathan recherchent la perspective de la mort au travers du combat. Condition terrible, car les combattants de l'ère spatiale savent qu'il n'y a plus rien au-delà des étoiles, et que la lutte qu'ils mènent est une fin en soi : il sont condamnés à fabriquer intégralement le sens de leur propre existence (il y aurait des mythes grecs à réécrire, sur le sujet).
Bref, je vous passe la main : Comment envisagez-vous la perspective de l'immortalité, d'un point de vue purement égocentrique ? Comment imaginez-vous la société confrontée à la "crise de l'éternité", dans un futur proche ? Est-elle désirable pour vous, est-elle souhaitable pour l'humanité, et relativement à quoi ?
N'hésitez pas un cracher les premières conneries qui vous passeront par le ciboulot : il faut bien commencer par bêcher son terrain.